Le « Dernier Européen »…

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François Mitterrand aurait eu cent ans ce 26 octobre.

Oh bien sûr je ne suis pas de sa famille politique – bien qu’il prit, comme toute femme et tout homme engagé, plusieurs chemins au cours de son existence.

Mais…

Issu de parents eux-mêmes portés par le Mitterrandisme ; pour l’enfant que je fus, découvrant sur le poste de télévision l’image saccadée d’un visage et la promesse d’un changement ; pour me souvenir, il est vrai dans une mémoire un peu brumeuse (j’avais 5 ans) de la liesse familiale…. bien-sûr que ce centenaire trouve, chez moi, une résonance particulière.

Je suis, que je le veuille ou non, de cette « génération Mitterrand » du slogan des affiches de campagne de 1988 que certains placardaient fièrement et avec conviction.

Pour l’adolescent que je fus, François Mitterrand (que d’ailleurs personne chez moi n’appelait « Tonton »), François Mitterrand, donc, fut « Le » Président.

N’ayant connu que lui jusqu’à ma majorité, je pense l’avoir longtemps regardé indissociablement de la fonction comme d’autres eurent regardé, à une autre époque et dans une jeunesse plus lointaine encore, le Général de Gaulle – immuable, incarnant des valeurs avant d’incarner une politique.

Je sais la place qu’occupe la mémoire de l’ancien Président de la République pour les habitants de ce territoire – l’ex bassin minier du Pas-de-Calais.

Alors aujourd’hui, je veux à ma façon dire quel fut « mon Mitterrand » avec le regard du grand enfant de quarante ans que je suis devenu.

Je serai critique sur les choix économiques, moins sur les choix sociaux. Je préfère donc laisser tout cela de côté et, le cas échéant, laisser les représentants du Parti Socialiste se charger d’un tel « devoir de mémoire » si tant est qu’ils sachent encore parler et être écoutés des électeurs de gauche…

Non, il est un domaine dans lequel François Mitterrand reste pour moi, à ce jour, le « dernier Président » – l’Europe.

Je retiens de François Mitterrand (qui avait connu la guerre) la conviction que l’on pouvait et que l’on devait faire mentir l’Histoire à chaque fois que le destin d’une nation était en jeu. Que c’était aux Femmes et aux Hommes, et non à la chance, encore moins à la providence, de décider d’écrire cet Histoire.

Parachever la réconciliation franco-allemande (quand toute une classe d’âge avait encore connu les souffrances de l’occupation) ; porter l’acte unique (dans un pays encore philosophiquement très centralisateur et colbertiste) ; insuffler la monnaie unique (quand tout une génération avait encore connu cette « autre France dans le monde ») ; reprendre les discussions arrêtées trop tôt sous Mendés France d’une défense commune, semer…

Cela étonnera peut-être certains, mais je range aussi dans cet ensemble de décisions l’abolition de la peine de mort. Car en faisant entrer définitivement la France dans un principe d’universalité, cette décision nous rapprocha encore un peu plus d’un dessein européen.

Bref, je retiens de François Mitterrand moins qu’il fut un Président, bon ou mauvais, mais bien un Chef d’Etat.

Puisse cet héritage nous aider à reconquérir une confiance, une capacité d’action et, surtout, nous aider à recouvrer toute notre lucidité afin de regarder les défis qui nous entourent et que nous ne pourrons relever sans l’Europe.

Puisse cet héritage nous aider à comprendre que tant que la France restera en panne, d’une direction, de ses institutions, l’Europe elle-même sera malade.

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