Taxe GAFA européenne : 10 mauvaises raisons (au moins) de ne pas se mettre d’accord…

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Hier, mardi 12 mars 2019, les 27 pays de l’Union avaient 10 raisons (au moins) de ne pas se mettre d’accord sur une taxe GAFA communautaire, faible, première du genre, à l’échelon du demi-milliard d’usagers « pesant » pour près d’un quart du PIB de la planète. Et, ils ont coché les 10… Petit passage en revue. Continuer la lecture de Taxe GAFA européenne : 10 mauvaises raisons (au moins) de ne pas se mettre d’accord…

Il est grand temps…

 

Depuis plusieurs jours je vois ici et là relayées les conclusions d’une publication du centre d’études politique européen en des termes un peu sibyllins affirmant que « chaque Français aurait perdu 56 000 euros depuis l’entrée en vigueur de l’euro en 1999 ».

Les auteurs de cette étude ont cherché à calculer quel aurait été le PIB entre 1999 et 2017 des pays qui ont adopté l’euro, si ces derniers avaient conservé leur monnaie nationale.

Outre la prudence à observer (toute méthodologie restant fragile par ailleurs et il existe, en outre, d’autres études aboutissant aux conclusions inverses), cette dernière publication du centre d’études politique européen a au moins le mérite de mettre les pieds dans le plat.

S’il était mis en évidence que tous les pays de la zone euro ont été perdants, la conclusion serait simple ! Il suffirait de sortir de l’euro pour s’en sortir mieux ! Revenir au puit sans fond des dévaluations compétitives, mortifères pour notre industrie. Etre à la merci de n’importe quelle puissance (gouvernementale ou boursière) attaquant nos monnaies nationales à l’envi. Subir des variations autrement plus brutales que celles que nous connaissons sur le cours des matières premières…

Or, ce n’est pas le cas. L’enquête met en évidence des gagnants et des perdants. A vrai dire, plus que la véracité des chiffres, ce sont plus les raisons pour lesquelles la France ne fait pas partie des gagnants qui m’intéresse.

Non, les Français n’ont pas perdu 375 Milliards d’euros de PIB pour la seule année 2017 comme il est dit un peu vite par certains sur les réseaux sociaux ! Il s’agit plutôt de 375 Milliards que la France ne gagne pas, ce qui est différent.

En réalité l’étude conforte ce que disent les Centristes libres, Européens assumés, depuis 20 ans. L’euro est indispensable. Mais l’euro sans gouvernance économique de l’euro, c’est courir le marathon de la mondialisation sur une jambe ! C’est donner un avantage comparatif au reste du monde aux dépens de nos salariés, nos créateurs, nos retraités, notre jeunesse…

Y a-t-il eu une politique économique digne de ce nom au cours des 20 dernières années en Europe ? Fondée sur l’harmonisation fiscale (au moins sur le travail) ? Insufflant des politiques de l’emploi volontaristes ? Encourageant de grands projets industriels ? Encourageant l’émergence de géants mondiaux européens ? La réponse à toutes ces questions est non.

En outre, des pays ont consenti au « sur-handicap » en s’affranchissant de réformes structurelles ? En alourdissant quasi systématiquement la norme européenne dans la transcription de son droit national ? En empilant les échelons ? Pire, en profitant de la force de la monnaie unique pour accroitre l’endettement ? La réponse à toutes ces questions est oui, et c’est le cas, notamment, de la France.

Et bien ils sont là les salaires qui stagnent ! Dans les 375 Milliards…

Ils sont là les déséquilibres des régimes sociaux !  Dans les 375 Milliards…

Indépendamment du chiffre, l’étude nous rappelle combien l’euro nous a mis une voiture de sport entre les mains… avec laquelle nous avons fait le choix de rouler en seconde !

Voilà pourquoi la France a besoin de continuer ses réformes, institutionnelle, fiscale, territoriale.

Voilà pourquoi l’Europe a besoin de politiser son action. Elle doit le faire en pérennisant le plan Juncker, en émettant des obligations européennes pour financer la croissance (Jacques Delors les proposait déjà).

Voilà pourquoi nous avons besoin d’un budget de la zone euro tel que le réclame Emmanuel Macron.

Voilà pourquoi il faut une fiscalité européenne, faible, par redéploiement des fiscalités nationales afin de la rendre neutre pour les contribuables et ainsi accélérer la transition numérique, énergétique, mettre le cap vers la maîtrise de l’intelligence artificielle, tout en défendant notre artisanat, nos AOC, nos territoires…

L’Europe compte 17 millions de sans emploi pour 23 millions d’entreprises dont environ la moitié est employeuses (l’autre moitié étant composé d’artisans, professions libérales, auto-entrepreneurs). Imaginons un instant que chacune d’entre elle crée ne serait-ce qu’un emploi à l’aune d’une Europe plus économique, plus politique et plus sociale… Bref, imaginons ce que nous pourrions accomplir en changeant, chacun, ne serait-ce que 2 ou 3 % de nos organisations, de nos visions, de nos convictions, de nos certitudes…

Il est grand temps ! Grand temps que les Européens réalisent qu’ils sont unis par une communauté de destin et de projet, avant d’être unis par une communauté de chiffres.