Ce que l’esclavage libyen nous apprend de l’Europe.

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Les images d’êtres humains tenus en esclavage en Libye nous rappellent combien la modernité n’est jamais acquise, que les régressions sont possibles partout dans le monde.

Nous sommes nombreux à exprimer notre nausée pour inciter les gouvernants à agir. Mais au-delà de la mobilisation virale sur les réseaux sociaux – on serait tentés de dire « une de plus » – la question reste bien « comment » ?

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle accélération de la globalisation. Le monde de 2050 sera plus riche de 2 milliards d’habitants. Il repoussera les frontières de la technologie, des idées, du progrès. Il sera porteur d’espoirs incroyables.

Mais il produira d’autres dangers. Bien-sûr les crises financières et le terrorisme sur lesquels toute victoire n’est jamais que transitoire. La tentation d’utiliser l’intelligence artificielle à des fins militaires ; les réfugiés climatiques ; des tensions croissantes sur les matières premières ; l’accès à l’eau ; et même le passage aux énergies renouvelables, pourtant nécessaire pour sauver l’Humanité, viendront bousculer des équilibres sociaux et géopolitiques.

S’ils veulent continuer à défendre le principe d’universalité chez eux, les Européens sont condamnés à sortir d’une zone de confort dans laquelle ils se complaisent depuis la fin de la guerre froide. Nous, Européens, devons parler d’une voix unique pour être audibles dans le monde, demain prendre part à de nouvelles formes de régulation.

La défense et la diplomatie commune ont pris cinquante ans de retard. Nous avons une décennie devant nous pour le combler avant que ne s’installe un nouvel ordre mondial dont nous ne voudrions pas.

Je ne mésestime en rien la difficulté, les résistances. Candidat, pendant la campagne de 2014 j’avais proposé de réfléchir à une fusion des représentations diplomatiques de chacun des Etats de l’Union dans le monde sous la forme d’« ambassades des 28 », de façon expérimentale d’abord, et bien sûr avec les capitales qui le souhaiteraient, sous la forme de coopérations renforcées. Je réitère avec force ce projet, embryon d’une conscience et d’une citoyenneté européenne à l’international.

Avec un peu plus de 200 ambassades et consulats, la France dispose de la seconde représentation diplomatique mondiale – derrière les Etats-Unis. Désormais seule puissance nucléaire depuis le Brexit, la France fournit également la majeure partie des bataillons lors d’opérations extérieures – ce qu’elle ne pourra éternellement faire dans le respect des critères de convergence économique.

Plus d’un demi-siècle après sa volte face sur la Communauté Européenne de Défense, la France dispose de tous les atouts pour réveiller une puissance globale qui sommeille !