Le Front Républicain, c’est la proportionnelle !

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La crise profonde que nous traversons démontre que vouloir éliminer un parti de la représentation national est une erreur.

Expérimentée timidement sous François Mitterrand, promise et ajournée à maintes reprises, l’instauration de la proportionnelle aux législatives constitue désormais la seule initiative capable de réconcilier les citoyens avec les institutions – et ce dès 2017.

Les détracteurs de la proportionnelle, bien que de moins en moins nombreux, opposent deux arguments : le danger du Front National (comme si celui-ci constituait la seule alternative) et le spectre d’un retour à la IVème république avec son lot de blocages et d’impasses.

Pour contrer le premier argument, l’évidence s’impose… 

Qu’on le veuille ou notre Vème république est passée du bipartisme à une sorte de quadripartisme triangulaire.

Quadripartisme – parce que la traditionnelle opposition gauche-droite doit désormais composer avec deux autres forces que sont le Front National et une abstention grandissante.

Triangulaire – parce que la lutte contre l’extrême droite ne peut désormais s’opérer qu’au prix du retrait de l’une des deux forces traditionnelles. Telle est la philosophie du « Front Républicain ». Hélas, cette capacité de ralliement se craquelle un peu plus à chaque élection et l’entre deux tour des dernières régionales conforte ce constat. Combien de temps encore les électeurs accepteront-ils la non représentation comme prix à payer pour la république ?

Bref, prôner le scrutin majoritaire comme « seul rempart » au FN devient un leurre dangereux. A force de refuser 60 à 80 députés frontistes à la proportionnelle, nous en aurons bientôt 300 au scrutin majoritaire dans les rangs de l’assemblée nationale.

Le second argument s’appuie, en apparence, sur un fondement historique… en apparence seulement…

 Prisonnière des alliances, la IVème république connut 20 gouvernements en 11 ans dont le plus long dura 16 mois et le plus court… 24 heures. Cette instabilité, qui ne résista pas aux coups de boutoir de la guerre d’Algérie, laisse aujourd’hui encore un souvenir crispant. Or, je prends le parti de penser que nous refusons de regarder l’ampleur de la crise sociale et politique que nous traversons : elle est au moins aussi grave que celle de 1958 qui fut fatale à cette même IVème république. La question n’est donc plus « comment prévenir le bocage » mais plutôt d’en « sortir » – car le blocage, nous y sommes !

Pour toutes ces raisons, je n’ai aucun doute que ce scrutin proportionnel s’imposera.

Rénover la Vème ou instaurer la VIème république, est-ce là finalement le véritable enjeu ?

La commission Jospin de 2013, dernière en date, promeut une sorte de « double scrutin » par lequel une majorité de députés resterait élue sur le mode de scrutin actuel (majoritaire) et une minorité à la proportionnelle, proposition voulue innovante mais en définitive complexe, sinon précaire. Car la constitutionnalité d’un tel hybride de scrutin a de quoi laisser perplexe. Comment légitimer une telle « cohabitation » d’élus, les uns rattachés à une circonscription et les autres… on ne sait pas bien à quoi ! Bref, on voit bien que tenter de « sauver les meubles de la Vème » avec un vernis de proportionnelle pourrait s’avérer être un remède pire que le mal..

Vers un scrutin de liste dans une circonscription euro-régionale ?

L’instauration du scrutin proportionnel plurinominal à un tour, comparable à celui des Européennes, reste probablement le plus simple à appréhender tant par les électeurs que par les partis. Nul doute que quelques ajustements seraient de nature à prévenir certains écueils. Par exemple, une prime de 10 à 25 % des sièges à la liste arrivée en tête aiderait à dégager plus facilement des majorités. Une alternative plus ambitieuse encore pourrait consister à minorer ou majorer cette prime en fonction du vote blanc qui se verrait ainsi mieux reconnu.

Enfin, une nouvelle cohérence territoriale s’impose. Le redécoupage des régions en marge de la loi NOTRE s’est opéré dans un mépris total des territoires – et nous l’avons, centristes, plus que dénoncé. Mais ces 13 nouvelles euro-régions sont là et il nous faut avancer ! Alors osons mettre en cohérence le périmètre géographique de ces dernières avec le périmètre électoral du scrutin des Régionales, des Législatives et des Européennes. Charge à chaque formation de constituer sa liste de façon à ce qu’elle soit la plus représentative des territoires… et à l’électeur de sanctionner favorablement ou défavorablement. On notera au passage que cette recomposition redonnera de la légitimité aux échelons proximité que sont les Conseils Départementaux, EPCI et métropoles.

Outre une meilleure lisibilité devant l’électeur, cette nouvelle circonscription permettrait de rapprocher les gouvernances régionale et nationale (à l’instar de ce qui est fait en Allemagne) et de promouvoir, enfin, les vraies stratégies nationales et euro-régionales qui font lourdement défaut à la France dans la mondialisation. Sur la base du nombre de députés actuel (cette réforme pourrait par ailleurs être l’occasion d’en diminuer le nombre), chaque région disposerait de 30 à 40 sièges à pourvoir.

Bref, on le voit le débat reste ouvert. Des réflexions matures peuvent nous permettre de tracer la difficile quadrature du cercle visant à éviter le retour à la IVème république tout en promouvant le pouvoir de réforme et de cohésion dont notre nation a cruellement besoin.

Le cas échéant, si le Front Républicain devait se mobiliser à nouveau (et nous savons que ce sera le cas), il le ferait à due représentativité de chacune des factions républicaines par un groupe majoritaire constitué à postériori de l’élection et pour la durée du mandat.

Le Front Républicain, c’est la proportionnelle ! Et cette proportionnelle, combat de haute lutte des centristes sous la Vème république, s’impose dès 2017 !

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