Hier, mardi 12 mars 2019, les 27 pays de l’Union avaient 10 raisons (au moins) de ne pas se mettre d’accord sur une taxe GAFA communautaire, faible, première du genre, à l’échelon du demi-milliard d’usagers « pesant » pour près d’un quart du PIB de la planète. Et, ils ont coché les 10… Petit passage en revue.
– 1/ parce que chaque pays a une raison de ne “pas oser” : l’Irlande craignant pour l’implantation de ses sièges sociaux, l’Allemagne craignant pour les exportations de ses grosses berlines, le Luxembourg aspirant à un dispositif pérenne, la Suède à une réforme plus ambitieuse dans le cadre de l’OCDE, etc ;
– 2/ parce que nous refusons de comprendre qu’en « osant ensemble », nous pouvons dépasser toutes les raisons (légitimes) de « ne pas oser tout seul « ;
-3/ parce que nous refusons de comprendre que notre division est le meilleur atout que nous avons à offrir à nos partenaires, notamment américains et chinois ;
– 4/ parce que nous refusons de comprendre que ces mêmes partenaires ne seront pas fondés à nous regarder comme des « alliés fiables » mais, au contraire, comme des Etats impressionnables et donc « à impressionner »;
– 5/ parce que nous feignons de ne pas comprendre que l’intelligence artificielle et le digital ne sont pas des « révolutions technologiques de plus », mais qu’elles posent les prémices d’un rebattage des cartes de la puissance mondiale, tant sur un plan géopolitique, économique que social ;
– 6/ parce que nous préférons accabler confortablement « le reste du monde », plutôt que de prendre le risque d’une introspection, critique et collective ;
– 7/ parce que nous refusons, malgré les enseignements du Brexit, de voir les dangers que font peser les discours fatalistes, mois après mois, année après année, sur les peuples européens ;
– 8/ parce que nous préférons assumer l’Europe comme une somme d’égoïsmes, plutôt que de la revendiquer comme une addition de peuples fiers, œuvrant au service d’un projet de civilisation ;
– 9/ parce que nous faisons semblant de ne pas comprendre l’urgence qui est celle de sortir de la règle de l’unanimité sur les questions fiscales, véritable cancer du projet européen ;
– 10/ parce que nous refusons une approche « win-win », dans le cadre du semestre européen, par laquelle toute fiscalité nouvelle émise à l’échelon européen pourrait s’accompagner d’un allégement équivalent des fiscalités nationales pour « redonner de l’air » à chaque salarié, créateur, retraité, territoire…
Face à autant de mauvaises raisons de ne pas se mettre d’accord, certains seraient tentés de nous expliquer que « l’Europe ne sert à rien ». D’autres que, justement, parce qu’elle ne protège pas assez « mieux vaut la casser définitivement pour qu’elle ne protège plus du tout… » A défaut de servir à quelque chose, cela « défoulera ». Et puis, il y a bien quelqu’un que cela « embêtera » – tel ou tel Président, « les riches », mon voisin…
L’épisode de la taxe GAFA a chez moi un effet inverse. Européen, je n’ai jamais été autant déterminé à « changer l’Europe ». Français, je n’ai jamais été aussi fier de constater combien mon pays était capable de tenir bon et de montrer la voie, en instaurant la taxe GAFA à l’échelon national. Ce n’est qu’un exemple. On aurait pu en prendre d’autres tels que la défense, la diplomatie, le droit d’asile, la protection de nos frontières externes, un meilleur partage du renseignement pour mieux lutter contre la fraude, le grand banditisme ou le terrorisme…
Le 26 mai prochain, ce sera à chacun de nous de décider.
#RenaissanceEuropéenne