Plan de relance : il n’y aura pas de « second tour »

Toutes les sensibilités ou presque se sont exprimées autour du plan de relance. Trop tôt, trop tard, le pour, le contre, les espoirs, les réserves… En réalité, cette relance sera ce que nous choisirons d’en faire.

En définitive, le plan de relance peut tout à fait servir d’accélérateur à la sphère financière et spéculative comme il peut raviver un semblant de capitalisme rhénan par lequel la création de richesse précède la redistribution. Aucun de ces deux scenarii n’est écrit d’avance. Si le premier reste dangereusement probable, reconnaissons qu’il serait un double échec. D’abord parce que cela ne pourrait que résulter de l’échec du second. Ensuite, parce que rarement autant de conditions auront été réunies pour que ce soit précisément ce même second scénario qui l’emporte : celui d’un capitalisme à visage humain, décarboné, par et pour les territoires.

Réhabilitation d’un Commissariat au plan, retour de l’idée de « puissance publique » (et de « commande »), levée des freins à la culture de l’apprentissage, diminution des impôts de production (peut-être insuffisamment aux yeux de certains mais dans des proportions inédites)… Certes, on pourra pointer un risque de dérive interventionniste ; craindre le cancer de l’hyper-administration (parfois autant alimentée par les acteurs que l’administration elle-même d’ailleurs) ; rendre suspect le président de la République de penser à sa réélection (comme si les projets de société n’étaient pas aussi des combats d’idées…). Mais nul ne peut nier un renouveau keynésien autant à une échelle nationale qu’européenne ; et à la fois l’envie de nous relancer, plus encore par l’emploi, par le travail. Pas même la gauche qui aurait naguère revendiqué le monopole sur ces valeurs.

Il n’y aura pas de second tour au plan de relance. Et même si les milliards sont fléchés (presque à égalité entre la cohésion sociale, l’écologie et la compétitivité), celles et ceux qui ont l’expérience de l’entreprise et de la conduite des politiques publiques savent que la fongibilité ira là où elle sera appelée. Pour être clair : seuls les projets arrivés en premier, avec des effets concrets (à tout le moins à court terme) et obéissant à une gouvernance déterminée, seront servis.

Les Hauts-de-France ont rêvé avant d’autres d’une troisième révolution industrielle depuis lors devenue quelque peu « normative ». Non que notre région ait à rougir de ce qu’elle a accompli – affirmer l’inverse serait aussi inexact qu’irrévérencieux pour celles et ceux qui se sont engagés avec les écueils, l’énergie, et le surcroît de créativité qui est demandé aux pionniers. Mais le fait est que presque dix ans après la venue de Jéremy Rifkin, il est exagéré de dire que l’on pense spontanément aux Hauts-de-France pour parler du « monde d’après », comme d’aucuns associeraient la révolution électronique à la Silicon Valley. Ce qui peut laisser un goût d’inachevé quand on sait le réservoir de 50.000 emplois dans le seul secteur des technologies de la transition, l’ouverture sur l’Europe ; et, quoiqu’on en dise, un attachement viscéral à l’industrie…

L’ex-bassin minier apparaît d’autant plus comme l’épicentre de ce grand dessein de l’écologie productive qu’il dispose d’un haut potentiel de géothermie ; de l’une des plus grandes densités urbaines facilitatrice du photovoltaïque (pour être plus précis de son exploitation, là où se jouera la vraie révolution économique et technologique). Tout ou presque existe en termes de structures pour massifier, développer, former : TEAM2, le CD2E, l’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier, Mission Bassin Minier. N’inventons plus ! Fédérons… Il ne manquait plus que la centaine de millions et la ténacité. Nous avons peut-être, parmi les milliards, une solution inespérée pour les millions. Reste la ténacité…

Interdisons-nous de penser que tout cela est simple, car rien ne l’est… Ajouter la géothermie à un programme de rénovation de 23.000 logements en cours de déploiement ; utiliser les millions de m² de la grande distribution et de la logistique pour rentabiliser le photovoltaïque ; rapprocher la filière de l’hydrogène d’une industrie automobile elle-même en pleine mutation, le tout dans les délais acceptables pour que la relance puisse être le vrai amortisseur conjoncturel et structurel de crise, tout cela nécessite certainement de « griller quelques étapes », décrocher les téléphones, d’alléger nombre de procédures, accompagner certains montages juridiques… Les futurs Sous-préfets à la relance seront là pour ça. Les périodes où la société française a été disposée à accepter de bousculer ses organisations au profit de sa cohésion sociale ont été rares depuis l’après-guerre. La question est : en avons-nous envie ?

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Pourquoi l’emploi des jeunes doit-il être au cœur de la relance ?

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Le plan de relance doit être l’opportunité de moderniser notre économie, accélérer les transitions, créer plus de valeur. Mais quelle que soit la stratégie, c’est bien l’emploi des jeunes qui doit en être le cœur de réacteur. 

La première raison tient en un chiffre. Jamais depuis l’après-guerre, pas même lors des chocs pétroliers, notre marché du travail aura eu à intégrer 7 à 800 000 nouveaux entrants dans des conditions aussi dégradées.   

Beaucoup de bruits de fond que nous pensons déconnectés de la jeunesse convergent, au contraire, vers celle-ci.  Les tensions, qui n’ont pas attendu le feu vert complet du déconfinement, en disent long sur un sentiment d’injustice d’avant crise, désormais prêt à suinter par tous les pores de la société.

Les jeunes ne votent pas, on le savait ; et les dernières municipales l’ont montré avec une proportion aussi inédite qu’inquiétante pour un échelon de proximité qui, il y a dix-huit mois à peine, nous apparaissait à tous comme le plancher de verre de la contestation sociale. D’aucuns tentent de se rassurer en justifiant cette nouvelle marche franchie dans la résignation par la crise sanitaire. Méthode Coué s’il en est ! Y-a-t-il quelqu’un pour croire qu’une génération qui a appris à vivre avec le terrorisme, qui n’a plus peur du sida (ce qui n’est pas sans poser d’autres problèmes), dont certains se sont d’ailleurs mis en première ligne pendant le confinement à coup de CDD de caissiers ou de livreurs, qui ont hâte de retrouver terrasses et concerts ; bref, que cette jeunesse-là se serait abstenue de mettre un bulletin dans l’urne par la seule « peur du virus » ?

Ne pensons pas un instant traiter la question des retraites, maintenant ou plus tard, sans traiter la question des jeunes, tant le besoin de dignité relie ceux qui aspirent à sortir et ceux qui aspirent à entrer dans le monde du travail. Si les sociétés reposaient sur une somme de ratioannalités tangibles, cela se saurait depuis longtemps.

La seconde raison pour laquelle l’emploi des jeunes doit être au cœur du plan de relance est peut-être, précisément… de venir aider le plan de relance lui-même.

Le déconfinement a montré l’expression de revendications sectorielles. Toutes légitimes soient-elles, ces dernières font planer un fort risque d’empilement préjudiciable. Les milliards n’empêcheront jamais une corporation de se dire « insuffisamment prise en compte », pire de jouer de comparaisons entre elles. Or, la société française est arrivée à un niveau tel d’archipélisation (pour reprendre l’expression de Jérôme Fourquet) que cette issue apparaît aujourd’hui presque inévitable. La question n’est donc pas comment prévenir cette dernière, mais bien comment parvenir à en atténuer les effets ?

En outre, nous entrons dans une période où il sera difficile de distinguer la part de faillites conjoncturelles (pour lesquelles il pourra toujours être fait le procès d’une aide arrivée trop tardivement ou trop parcimonieusement) de faillites plus structurelles sur lesquelles la crise sanitaire n’aura eu qu’un effet accélérateur, et pour lesquelles la réponse passe par de grandes visions à long terme – c’est aussi la raison pour laquelle la France a besoin de renouer avec la vision prospective d’un Commissariat au plan.

Or, dans ce paysage complexe, où devront converger la donne politique, sociale, technologique, territoriale, fiscale probablement,  l’emploi des jeunes peut être ce fil d’Ariane salutaire.

La troisième raison en faveur d’une politique volontariste en matière d’emploi des jeunes est que cela entérine le cap de l’insertion qui a mis du temps à s’imposer dans nos politiques publiques ; dans un pays où, longtemps, social et économique ont fait courses séparées.  

Accompagner les jeunes dans l’emploi, qu’ils soient décrocheurs ou non d’ailleurs, exige de regarder globalement (à « 360  degrés » comme diraient les travailleurs sociaux) l’ensemble des freins liés à la formation, le logement, la santé ; bref, précisément ce qui a fait défaut à la politique du RMI et que le RSA est à peine parvenu à corriger.

La crise du covid-19 est arrivée à un moment où le pays commençait à engranger les résultats d’efforts passés, notamment avec la garantie jeune, les contrats jeunes majeurs, le retour en grâce de l’apprentissage. La stratégie de prévention de la pauvreté, par exemple, met très nettement l’accent sur les enfants et les jeunes, favorise l’accès au droit commun sur des dispositifs spécifiques au final plus stigmatisant qu’autre chose.

L’emploi des jeunes sera donc une priorité du plan de relance en préparation, et c’est une excellente chose. Tout comme de prendre l’attache des partenaires sociaux pour arbitrer laquelle de ces deux alternatives, entre la baisse de charges ou la prime à l’embauche, doit être privilégiée – l’une et l’autre ayant ses avantages et inconvénients. L’essentiel étant que les deux piliers de la formation et du parcours demeurent, en lien étroit avec les branches professionnelles, les Régions et Départements, tous trois ayant un rôle fondamental à jouer sur les compétences qui leur sont propres. D’aucuns verront probablement dans cette priorité accordée à l’emploi des jeunes un «  virage » de la politique d’Emmanuel Macron, c’est au contraire la réaffirmation de l’élan de 2017.

A ces trois raisons, on pourrait en ajouter une dernière, plus audacieuse encore, qui serait de nature à faire entrer les politiques de l’emploi dans une nouvelle ère. Nous en sommes probablement encore un peu loin, regrettons-le.

Tous les pays de la zone euro sont ou vont être confrontés à la question de l’emploi des jeunes, sans exception. Or, jamais depuis le traité de Rome, l’Europe aura autant fonctionné comme un amortisseur de crise. Le volontarisme de la BCE qui permet un endettement exceptionnel et le plan de relance de 750 milliards, fondent in fine cette fameuse « Europe sociale » qui divise tant. Elle est pourtant sous nos yeux ! Le soutien de l’Europe aux politiques de l’emploi, même de façon indirect, est tel qu’il ne faudrait plus grand-chose pour qu’un Mécanisme Européen de Stabilité de l’activité partielle, comparable à celui déployé pour protéger le système bancaire, parvienne désormais à mettre d’accord pays du Nord et pays du Sud.

Pour cela, l’Europe doit devenir autre chose que cette « main invisible », plus encore devant les potentiels bénéficiaires dont certains seront, demain, des décideurs. Cette Europe sociale a besoin d’être incarnée, même si ce sont les politiques nationales qui sont à la manœuvre (et doivent le rester). Rattachons, l’espace de 24 mois et dans chaque pays de la zone euro, le coût de ces politiques en faveur de l’emploi des jeunes au plan de relance. Estampillons les « euro-jobs » comme naguère le New-Deal de Roosevelt faisait apposer l’aigle américain sur les productions relancées par l’État fédéral. C’est « l’affaire » de 30 à 40 milliards à l’échelle de la zone euro. Pas tout à fait une paille, chacun en conviendra, mais bien un investissement qui en vaut certainement la chandelle. La France peut faire cette proposition.

La « génération covid » telle que la craignent l’OIT et l’OCDE pose un défi de société et de politique public majeur. Mais elle n’est pas inéluctable.

Les « 3E » pour sortir de la crise

Fondamentalement, la crise du covid-19 ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà sur nos fractures et sur l’état du monde. Mais il a réveillé en nous l’envie de reprendre notre avenir en main. Il y a dans la promesse de « monde d’après » de cette force transgressive qui rend les ruptures possibles, comme 1945 permit la rupture keynésienne, l’État-providence, la primauté des droits de l’Homme, l’installation d’un nouvel ordre mondial… 

Europe

Il est faux de dire que l’Europe n’a pas été à la hauteur. Elle l’a bien plus été que lors des dettes souveraines où elle était demeurée en réaction. Il n’aura fallu que quelques semaines pour voir le pacte de stabilité s’assouplir ; la BCE a rendu possible le « quoi qu’il en coûte » en France, en Allemagne, en Italie… On peut se montrer critique sur le peu d’aide apporté pour gérer la pénurie de masques. C’est oublier que l’Europe n’y dispose d’aucune compétence.

Le couple franco-allemand s’est relancé pour accomplir ce que Jacques Delors préconisait déjà : regarder l’avenir ensemble ! La mutualisation des dettes n’est pas encore tout à fait les euro-bonds. C’est regrettable, car c’eût été l’opportunité de drainer l’épargne mondiale (pour partie alimentée par nos déficits commerciaux) plutôt que de renvoyer à la contribution future des Etats. Qu’importe ! L’Europe avance vers encore un peu plus de fédéralisme. Elle renoue avec son ADN, celui de la solidarité. Et s’il est vrai que l’Europe sociale ne s’assume pas encore complètement, le fait est que rarement depuis le traité de Rome l’emploi aura autant dominé l’agenda en si peu de temps et avec autant d’énergie. A vrai dire, il ne faudrait plus grand chose pour faire évoluer les décisions de crise vers une sorte de « Mécanisme Européen de Stabilité de l’activité partielle », pendant de ce qui existe pour prévenir les crises financières au sein de la zone euro ; et surtout, possible espace compromis entre les pays du Nord et du Sud.

Les Européens goûtent à la puissance politique et au désir de souveraineté. Ils ne feront pas l’économie d’un nouveau traité constitutionnel avant la fin de la prochaine décennie, quitte à devoir accepter une Europe plus concentrique : une Union Européenne (à 27),  une zone euro (à 19 ou plus) et un nouveau « cœur continental » autour d’une Fédération des Etats Européens à 5,6 ou 9.     

Environnement

Au 21ème siècle le leadership mondial reviendra à l’État-nation ou à la fédération d’États-nations qui maîtrisera le climat. Pour ceux qui en doutaient encore, le covid 19 a donné un aperçu au centième de ce qui attend l’Humanité, en terme de déstabilisation sanitaire et géopolitique, si le réchauffement climatique venait à fragiliser le permafrost, libérant des millions de bactéries enfouies depuis l’ère glaciaire.

Ainsi nous vivons une période charnière où pour la première fois de son Histoire, le capitalisme est prêt à recevoir l’écologie, à condition que nous parvenions à affranchir celle-ci de derniers oripeaux idéologiques de la décroissance. Nous voilà condamnés à réussir l’écologie productive ! C’est une responsabilité politique immense, qui sonne l’heure des choix. Assumons le fait que nous ne nous passerons pas du nucléaire ; que taper à bras raccourcis sur la mobilité a été une erreur ; qu’inversement la lutte contre la fracture énergétique a été trop longtemps délaissée pour que nous puissions promouvoir socialement cette écologie politique.

Notre planète reçoit autant d’énergie du soleil en une heure qu’elle n’en consomme en un an. Soyons les leaders de la smart-grid, des technologies hybrides et de transfert. Cessons de courir après des Google ou Amazon que nous ne rattraperons pas, poussons nos propres GAFA ailleurs ! Quitte à desserrer temporairement l’orthodoxie anticoncurrentielle qui a gêné l’émergence de géants européens par le passé.

Emploi

La technologie nous fait entrer dans une ère de déconcentration comme nous n’en avons pas connue lors des précédentes révolutions industrielles. Nous nous rapprochons de l’instant où un toit, un meuble, une coque de téléphone produiront de l’énergie. Les imprimantes 3D vont bousculer les chaînes de production et de valeurs. Les exosquelettes ne se contenteront pas de faire reculer la dépendance ; en réduisant le facteur pénibilité, ils réinventeront les métiers de l’industrie, de l’agriculture. Qui sait si nous ne tenons pas là une partie de la réponse au problème des retraites qui, il y a quelques mois encore (une éternité), nous semblait être un mur social.   

Les territoires sont le fil d’Ariane de cette transformation. Parce qu’ils sont les énergéticiens de demain. Parce qu’ils ont la disponibilité foncière. Parce qu’ils font tourner les têtes de celles et ceux qui aspirent à voir leurs conditions de vie se desserrer grâce au télétravail. Avec la quatrième révolution industrielle c’est toute une « France périphérique », celle-là même qui produit les bataillons de gilets-jaunes, qui tient un peu de sa revanche. A condition qu’elle s’en donne les moyens, car ce sera également au prix d’une forte compétition.  

La crise sanitaire a montré que les Français sont bien mieux armés qu’ils ne le pensent pour relever le défi du « monde d’après ». On les disait impétueux ? Ils ont respecté le confinement comme pas un ! On les disait à la remorque de l’Allemagne ? Paris l’a emporté sur la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe, à l’heure du choix européen.

La « France d’après » a encore beaucoup à puiser dans sa part de « France éternelle ». Pour se réinventer elle-même, tout en restant fidèle à ses valeurs ; pour emmener l’Europe, plus loin, plus fort, plus vite – par sa langue, sa diplomatie, sa capacité de projection dans le monde… Avant cela, la « France d’après » doit pouvoir se prouver, et montrer à ses partenaires, qu’elle est capable de canaliser l’énergie de sortie de crise, probablement éphémère, pour chasser ses vieux démons, économiquement et socialement.

Fuyons la taxe « Jean Valjean » qui fera gagner en romantisme (ou en démagogie) ce que le rendement y perdra. Encourageons, au contraire, le retour à un capitalisme rhénan, familial, participatif ; étendons son modèle à l’économie sociale et solidaire (bientôt 10 % de l’emploi). Gardons le cap de l’insertion, qui commençait à porter ses fruits. Ne lâchons rien sur l’apprentissage.

Préférons la certification aux diplômes à chaque fois que celle-ci s’avère être un gage de compétences ; la blockchain à la norme, à chaque fois qu’innovation et réactivité y gagnent.

N’exigeons pas plus mais mieux d’État. Il est urgent de remettre jacobins et girondins autour de la table. Les premiers devant accepter une bonne fois pour toute un principe de différenciation et l’autonomie fiscale des seconds ; et les seconds de s’affranchir d’une dépendance refoulée à l’État. Cette réforme, profonde, qui vise l’unité par les territoires, est une des conditions pour que nous puissions prendre toute la quintessence des « 3E » que sont l’Europe, l’environnement et l’emploi. Or, c’est bien là où nous pouvons peut-être encore échouer.

Déconfinement : La France a besoin d’un grand emprunt !

Ce 13 avril, le Président de la République s’est une nouvelle fois adressé à la nation dans ce contexte si particulier, évoquant pour la première fois l’après.

Le déconfinement ne peut être la démondialisation ! Soyons vigilants, tant cette tentation est forte, à droite comme à gauche. Serions-nous anesthésiés au point de ne pas voir que la fermeture des frontières conduit inéluctablement à des guerres bien plus meurtrières que les pandémies ?

La France d’après, ce doit être le monde d’après. Une chance historique nous est donnée : nous affranchir du véritable hold-up idéologique des chantres du néolibéralisme, ceux-là mêmes qui ont travesti le libéralisme en une annihilation de toute règle, toute protection…

C’est méconnaître les tenants du courant de pensée libéral qui, avant d’être économique, croit avant tout en la liberté des Hommes. D’où la promotion de la liberté d’entreprendre, de circuler, de s’enrichir, mais également à se libérer de la maladie, de l’ignorance. En ces temps graves, mais qui rendent possible la refondation, loin de « raser les murs », les libéraux doivent au contraire, plus que jamais, donner de la voix !

La crise du Covid-19 a rappelé le danger de choix économiques lorsqu’ils favorisent systématiquement la rente sur la production. La pénurie de masques n’est, hélas, que l’arbre qui cache la forêt d’une longue série. Certes, la chaîne de valeurs, complexe, rend-t-elle impossible la relocalisation de filières entières, si tant est qu’un tel objectif soit souhaitable. En outre, parler d’indépendance stratégique en dehors de l’Europe est un non-sens tant les cycles technologiques ne cessent de se  raccourcir et les effets d’échelle de s’amplifier.

Ce devrait être la fonction des euro-bonds, non seulement de financer, mais surtout encourager une vision industrielle pour le continent. Comme chacun sait, il en est autrement. Les euro-bonds doivent rester un horizon. Ils sont le seul moyen de lever des « dettes d’avenir » face à des Etats continents tels que la Chine ou l’Inde. En cela, les euro-bonds sont différents du plan d’urgence de 500 milliards d’euros, certes salutaire, mais loin de cette vision au long court pour la souveraineté économique de l’Europe

Il est peu probable que nous parvenions à mettre d’accord en vingt jours des Européens divisés sur le sujet depuis plus de vingt ans, Jacques Delors proposait déjà en son temps les euro-bonds. Dans l’attente, la France a-t-elle d’autre choix que de lever un grand emprunt national si elle veut rebondir, et dès lors que ni les salariés ni les contribuables n’accepteront de payer la note de la crise du confinement ?

Nous l’avons fait à chaque moment charnière dans notre histoire, certes avec plus ou moins de succès mais jamais en échec : le plan René Pleven en 1944, Antoine Pinay en 1952, Valéry Giscard d’Estaing en 1973 ou Edouard Balladur en 1994. Le dernier grand emprunt date de 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ouvertement tourné vers la recherche, entre temps réarticulé intelligemment avec les orientations du plan Juncker.

En 2019, l’encours des placements « sécurisés », c’est-à-dire partagés entre banques et assurances, s’élevaient à quelque 3.300 milliards d’euros. Ce dernier a d’ailleurs bondi de près de 20% en cinq ans, non sans poser d’autres problèmes à l’heure de taux d’intérêts trop bas.

Rediriger une part de l’épargne de rente vers l’épargne productive n’a jamais été un exercice simple. Gardons-nous de toute théorie trop simpliste, mais gardons en tête qu’il suffirait de rediriger ne serait-ce que 5 points de cet encours vers un grand emprunt national pour ramener la part de l’État en matière d’investissement public au niveau de ce qui était pratiqué… dans les années 1970. Ce, pour une durée de 3 ans, que les économistes regardent comme un horizon pour sortir des effets économiques du Covid.

Mobiliser l’épargne des Français vers l’investissement ne revêt pas seulement un intérêt solvable, bien que le financement des mesures liées au covid-19 soit une question cruciale, et demain centrale. Faisons d’un grand emprunt national un produit d’épargne populaire et fédérateur ! Pourquoi pas par redéploiement de certains produits de l’assurance vie dont les Français sont si friands ? Renforçant ainsi l’attractivité en facilitant les transferts de contrats et en préservant un certain nombre d’avantages, notamment fiscaux.

Un grand emprunt national doit aider à retrouver la voie d’un bon sens économique – celui de la confiance d’aujourd’hui, qui créent la richesse de demain et la rente fiscale d’après demain.

Le temps du confinement, nous avons redécouvert l’importance de métiers que nous regardions plus. Nous avons réappris à aimer nos caissières, nos personnels soignants, nos forces de l’ordre, nos éboueurs, là où certains ne juraient que par la start-up nation pour rêver de la mondialisation. Aimons tout autant nos chercheurs, nos industriels, nos ingénieurs, nos techniciens qualifiés.

Donnons-leur les moyens de nous emmener plus haut, plus loin, en meilleure santé, plus longtemps. Confions aux Français la reconstruction de la France, de son hôpital public, le déploiement d’une 5G avec une technologie européenne non dépendante de la Chine, développons les exosquelettes qui feront reculer la dépendance et revaloriseront les métiers pénibles, le développement du zéro émission depuis les territoires… En bref, innovons ! La France reprendra confiance et pourra réaffirmer son leadership, européen d’abord, puis mondial.

Le COVID 19 ou l’urgence du droit à la connexion – lettre ouverte à Cédric O, Secrétaire d’Etat au Numérique

Monsieur le Secrétaire d’Etat,

Voilà plus de 40 jours que des dizaines de foyers sont privés de connexion internet dans la ville où je réside, chiffre incertain en raison de l’opacité entretenue par l’opérateur, et ce malgré les interpellations répétées via la presse et les réseaux sociaux. Ecueil de la France rurale ? Pas tout à fait… Il s’agit d’une ville de près de 9000 habitants dans une communauté d’agglomération qui elle-même en compte 250 000, couverte par la fibre. Bref, pas franchement la représentation que l’on pourrait se faire d’une « zone blanche ».   

Aurais-je osé vous interpeller de la sorte, dans ce contexte si particulier, s’il eût été question d’un simple différend personnel avec un Fournisseur d’Accès Internet (FAI) ? Probablement pas. Mais quelle ne fut pas ma surprise de recevoir ou lire des dizaines de témoignages « d’ornières » comparables, partout en France, tous territoires confondus.

Je parle bien ici « d’ornières  technico-administratives » : c’est-à-dire des situations inextricables pouvant durer plusieurs semaines, voire des mois. Et non, bien-sûr, d’aléas techniques (24 ou 48 heures). Il est bien évident, qu’il y aura toujours des tempêtes, des arbres s’abattant sur des câbles, des actes de malveillance…    

Ces « ornières technico-administratives » sont de nature à questionner l’exercice de la délégation de service public, pour lequel les FAI et autres gestionnaires de réseaux sont régulièrement pointés du doigt, dès lors que cet exercice devient synonyme de dilution des responsabilités. Des opérateurs déléguant à des prestataires (eux-mêmes subdéléguant à d’autres) ; des communautés d’agglomération participant à la maitrise d’ouvrage (parfois sans réelle compétence pour assurer un suivi digne de ce nom) ;  des services clients condamnés à réciter des messages proformatés qui, à n’en pas douter répondent à 90 % des situations, mais s’interdisent de « passer un  dossier qui ne rentrerait pas dans les cases » à un échelon décisionnel (condamnant, de fait, l’usager à appeler trois, cinq, dix fois en répétant sa mésaventure). On plaint, au passage, l’enfer que doivent vivre des centaines, probablement des milliers de téléopérateurs(trices).

Il ne s’agit pas de dire que « personne ne fait son boulot » et que « tout va mal », car je pense exactement l’inverse ! Il n’en demeure pas moins que la gestion du COVID-19 met à nu certaines de nos fragilités, en particulier quand elles sont liées à de la rigidité administrative. De toutes évidences, le droit à la connexion vient rejoindre la longue liste des conditions de réussite à un confinement efficace, tel que voulu par le Président de la République, afin de limiter la propagation du virus.            

En clair, de l’exercice du droit à la connexion dépendra l’acceptation d’un autre droit, celui au télétravail, dans un contexte d’impréparation, et dont les premières heures montrent qu’il n’est pas si évident à faire accepter dans toute entreprise. On voit bien que « taper comme des sourds », comme on l’eût fait naguère, en pérorant « c’est le droit du travail, c’est le droit du travail ! » pourra certes rendre opposable, mais pas forcément à rendre soutenable, dans la durée, sur un plan économique et social. Il en va de même pour la continuité pédagogique via le téléenseignement qui interroge familles et corps enseignant.   

Le COVID 19 sera une « épreuve du feu », pour notre sécurité comme pour notre modèle de cohésion. Mais c’est aussi probablement un peu de l’avenir de l’économie numérique que nous sommes en train d’écrire, sans réellement y prêter attention. La façon dont nous gérerons ce volet numérique dans la crise aura une importance en termes de signal et d’acculturation, pour les cinq à dix prochaines années. Incontestablement, il y aura un avant et un après.

Il ne s’agit pas de mettre une pression imbécile sur les FAI et gestionnaires de réseaux en leur demandant d’accomplir en l’espace de quelques semaines ce qui aurait dû l’être avant ou pourra l’être après. Il sera bien temps de se poser sur le fonds, quand l’heure du retour d’expérience aura sonnée. Il ne s’agit pas non plus de dramatiser le rôle de ces mêmes FAI et gestionnaires de réseaux qui, bien-sûr, ne saurait être complètement comparable à celui du secteur sanitaire, de la sécurité publique ou de l’éducation nationale.

Mais il semble de bon aloi de rappeler à ces mêmes FAI et gestionnaires de réseaux que, bien qu’étant sociétés anonymes, et dès lors qu’ils sont délégataires d’une mission de service public, ils sont le service public. Et qu’à ce titre, les FAI et gestionnaires de réseaux participent pleinement de l’exercice de crise, dans son exceptionnelle gravité – au moins autant, par exemple, que les énergéticiens ou autres organismes de sécurité sociale auxquels il est demandé une souplesse administrative supplémentaire, destinée à ne pas remettre des barrières implicites qui seraient susceptibles d’obérer les décisions politiques.

Le temps n’est certainement pas à la polémique, encore moins à la stigmatisation. Mais il apparait urgent d’inviter les FAI et gestionnaires de réseaux, à faire montre, dans les heures et les jours à venir, sinon d’une mobilisation plus importante, à tout le moins de plus de pragmatisme – et ce, bien-sûr, dans le respect de la sécurité de leurs propres salariés. Ce peut être en rétablissement les connexions filaires là où elles doivent l’être prioritairement, en acceptant de sortir de lourdeurs internes et procédurales, de cesser de se renvoyer la balle entre « celui qui a commandé la soudure » et « celui qui a fait la soudure », situations qui semblent être de nature à faire gagner de précieux jours dans beaucoup d’endroits. Ce peut être en « évitant de couper les cheveux en quatre », en distribuant des gigas plus facilement là où, dans l’urgence, personne ne semble comprendre « qui a fait quoi, ou, au nom de qui, et comment ».  

Ne doutons pas un instant de la capacité de la France à traverser et même à ressortir grandie d’une telle crise sanitaire, en préservant sa société et son économie. Mais elle devra le faire avec les exigences et les facilités attendues au 21ème siècle.    

Solidairement vôtre,   

Patrick DEBRUYNE

https://www.lavoixdunord.fr/725309/article/2020-03-13/vendin-le-vieil-des-semaines-que-des-habitants-de-la-cite-8-sont-prives-d?&pooolrelease

https://www.lavoixdunord.fr/708751/article/2020-02-11/vendin-le-vieil-d-ou-vient-la-panne-internet-dans-une-partie-de-la-cite-8

Why must eurobonds be put back on the table?

sans-titreRegularly, the idea that the European Union could issue debt on behalf of one or more countries in the euro area resurfaces. Some advocate these Eurobonds as « solidarity guarantee » to mitigate the burden of national debt, a scenario particularly considered during the sovereign debt crisis. Others to boost the investment. It would then be more accurate to talk about europrojects, a more consensual scenario that Jacques Delors was already encouraging. Continuer la lecture de Why must eurobonds be put back on the table?

Pourquoi faut-il remettre les euro-obligations sur la table ?

Régulièrement, l’idée selon laquelle l’Union Européenne pourrait émettre de la dette pour le compte d’un ou plusieurs pays de la zone euro refait surface. Certains préconisent ces euro-obligations (euro-bonds) en guise de « garantie solidaire » pour atténuer la charge des dettes nationales, scénario notamment envisagé lors de la crise des dettes souveraines. D’autres, afin de booster l’investissement. Il serait alors plus juste de parler d’euro-projects, scénario plus consensuel et qu’encourageait (déjà) Jacques Delors. Continuer la lecture de Pourquoi faut-il remettre les euro-obligations sur la table ?

Développons les forêts urbaines

7f9ccef450eef6944ca2dbd6b23b7195-amazonieLe G7 a été l’occasion pour la France de rappeler l’importance d’une gouvernance mondiale  partagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ce n’est pas une mince affaire. Surtout dans le contexte d’affaiblissement du multilatéralisme que nous connaissons. Paris, qui a été plus qu’à la hauteur, ne saurait rester seul.  Au risque d’être perçu bientôt non comme un leader mais comme un donneur de leçons. Plus que jamais, la France a besoin de l’Europe et l’Europe a besoin de la France. Continuer la lecture de Développons les forêts urbaines

Taxe GAFA européenne : 10 mauvaises raisons (au moins) de ne pas se mettre d’accord…

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Hier, mardi 12 mars 2019, les 27 pays de l’Union avaient 10 raisons (au moins) de ne pas se mettre d’accord sur une taxe GAFA communautaire, faible, première du genre, à l’échelon du demi-milliard d’usagers « pesant » pour près d’un quart du PIB de la planète. Et, ils ont coché les 10… Petit passage en revue. Continuer la lecture de Taxe GAFA européenne : 10 mauvaises raisons (au moins) de ne pas se mettre d’accord…

Il est grand temps…

 

Depuis plusieurs jours je vois ici et là relayées les conclusions d’une publication du centre d’études politique européen en des termes un peu sibyllins affirmant que « chaque Français aurait perdu 56 000 euros depuis l’entrée en vigueur de l’euro en 1999 ».

Les auteurs de cette étude ont cherché à calculer quel aurait été le PIB entre 1999 et 2017 des pays qui ont adopté l’euro, si ces derniers avaient conservé leur monnaie nationale.

Outre la prudence à observer (toute méthodologie restant fragile par ailleurs et il existe, en outre, d’autres études aboutissant aux conclusions inverses), cette dernière publication du centre d’études politique européen a au moins le mérite de mettre les pieds dans le plat.

S’il était mis en évidence que tous les pays de la zone euro ont été perdants, la conclusion serait simple ! Il suffirait de sortir de l’euro pour s’en sortir mieux ! Revenir au puit sans fond des dévaluations compétitives, mortifères pour notre industrie. Etre à la merci de n’importe quelle puissance (gouvernementale ou boursière) attaquant nos monnaies nationales à l’envi. Subir des variations autrement plus brutales que celles que nous connaissons sur le cours des matières premières…

Or, ce n’est pas le cas. L’enquête met en évidence des gagnants et des perdants. A vrai dire, plus que la véracité des chiffres, ce sont plus les raisons pour lesquelles la France ne fait pas partie des gagnants qui m’intéresse.

Non, les Français n’ont pas perdu 375 Milliards d’euros de PIB pour la seule année 2017 comme il est dit un peu vite par certains sur les réseaux sociaux ! Il s’agit plutôt de 375 Milliards que la France ne gagne pas, ce qui est différent.

En réalité l’étude conforte ce que disent les Centristes libres, Européens assumés, depuis 20 ans. L’euro est indispensable. Mais l’euro sans gouvernance économique de l’euro, c’est courir le marathon de la mondialisation sur une jambe ! C’est donner un avantage comparatif au reste du monde aux dépens de nos salariés, nos créateurs, nos retraités, notre jeunesse…

Y a-t-il eu une politique économique digne de ce nom au cours des 20 dernières années en Europe ? Fondée sur l’harmonisation fiscale (au moins sur le travail) ? Insufflant des politiques de l’emploi volontaristes ? Encourageant de grands projets industriels ? Encourageant l’émergence de géants mondiaux européens ? La réponse à toutes ces questions est non.

En outre, des pays ont consenti au « sur-handicap » en s’affranchissant de réformes structurelles ? En alourdissant quasi systématiquement la norme européenne dans la transcription de son droit national ? En empilant les échelons ? Pire, en profitant de la force de la monnaie unique pour accroitre l’endettement ? La réponse à toutes ces questions est oui, et c’est le cas, notamment, de la France.

Et bien ils sont là les salaires qui stagnent ! Dans les 375 Milliards…

Ils sont là les déséquilibres des régimes sociaux !  Dans les 375 Milliards…

Indépendamment du chiffre, l’étude nous rappelle combien l’euro nous a mis une voiture de sport entre les mains… avec laquelle nous avons fait le choix de rouler en seconde !

Voilà pourquoi la France a besoin de continuer ses réformes, institutionnelle, fiscale, territoriale.

Voilà pourquoi l’Europe a besoin de politiser son action. Elle doit le faire en pérennisant le plan Juncker, en émettant des obligations européennes pour financer la croissance (Jacques Delors les proposait déjà).

Voilà pourquoi nous avons besoin d’un budget de la zone euro tel que le réclame Emmanuel Macron.

Voilà pourquoi il faut une fiscalité européenne, faible, par redéploiement des fiscalités nationales afin de la rendre neutre pour les contribuables et ainsi accélérer la transition numérique, énergétique, mettre le cap vers la maîtrise de l’intelligence artificielle, tout en défendant notre artisanat, nos AOC, nos territoires…

L’Europe compte 17 millions de sans emploi pour 23 millions d’entreprises dont environ la moitié est employeuses (l’autre moitié étant composé d’artisans, professions libérales, auto-entrepreneurs). Imaginons un instant que chacune d’entre elle crée ne serait-ce qu’un emploi à l’aune d’une Europe plus économique, plus politique et plus sociale… Bref, imaginons ce que nous pourrions accomplir en changeant, chacun, ne serait-ce que 2 ou 3 % de nos organisations, de nos visions, de nos convictions, de nos certitudes…

Il est grand temps ! Grand temps que les Européens réalisent qu’ils sont unis par une communauté de destin et de projet, avant d’être unis par une communauté de chiffres.