Oui, nous voulons l’Agence Européenne des Médicaments en région Hauts de France !

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Cinq mois après le choix de Lille pour porter la candidature de la France à la relocalisation de l’agence européenne des médicaments (EMA), on sent poindre les premiers doutes. Doutes quant à la stratégie, doutes quant aux atouts défendus. Voire, pour Madame la Maire de Lille, des doutes quant à la résolution du gouvernement à défendre avec suffisamment de vigueur la candidature française (et donc lilloise) devant les partenaires européens…

Bien-sûr l’attractivité de la capitale des Flandres, sa proximité avec Londres et Bruxelles constituent, avec sa culture, son dynamisme, son ouverture sur le monde ses plus beaux atouts. Alors pourquoi douter ?

Depuis le premier jour, je n’ai cessé de mettre en garde face à un écueil dans lequel, je le crains, la candidature française aura fini par se laisser piéger.

Mon sentiment est que le projet lillois a su répondre brillamment à une commande opérationnelle (le choix du site, son environnement) mais peine à répondre à la question politique – en définitive pourquoi l’agence viendrait-elle à Lille plutôt qu’à Copenhague ou Milan également porteurs d’atouts ?

2017 n’est plus 1995 (on se souvient que Lille fut candidate à cette époque). L’équation ne saurait se résoudre à une seule lutte de pouvoir entre capitales ou pays. Le Brexit est passé par là, rebattant les cartes, les messages, les symboles …

Je n’ai eu cesse de rappeler que restreindre la candidature française à une ville fut de nature à normaliser cette dernière.

J’ai souvent rappelé un chiffre parce qu’il témoigne à lui seul de l’enjeu derrière l’enjeu : 1000 Milliards d’euros. C’est le poids du marché mondial du médicament. Rapprocher 1 % de cette production en région Hauts-de-France constituerait un apport de 10 milliards de richesse supplémentaire (soit 8 points de PIB régional). Qui peut croire qu’un tel projet puisse encore être l’affaire d’une métropole seule, même dépassant le million d’habitants ?

Depuis le premier jour où j’interpellai les décideurs publics et la classe politique, j’ai été convaincu que la candidature qui ferait la différence serait celle qui parviendrait, au-delà de la qualité du dossier, à envoyer deux messages – le premier aux Européens, le second à la Commission Européenne.

Aux Européens en parlant non plus aux seuls convaincus mais bien à ceux qui doutent. Cela fait longtemps que ceux-ci ne vivent plus en cœur en métropole mais à vingt ou trente kilomètres, là où l’Europe a été rendue suspecte de fragiliser le tissu social et économique. Ils forment les bataillons de l’euroscepticisme sur lesquels les extrêmes et l’abstention peuvent encore progresser.

A la Commission Européenne parce que l’Europe cherche désespérément à renouer avec des symboles et une légitimité perdu. A vrai dire, là réside la vraie stratégie post-Brexit pour celle-ci : montrer qu’elle peut encore, à travers ses choix politiques, contribuer à réduire les inégalités territoriales.

Voilà pourquoi j’ai défendu l’ex bassin minier et ses habitants au cœur de ce dossier de candidature. C’eut été le meilleur des pieds de nez à offrir aux extrêmes, qui d’ailleurs ont encore gagné du terrain sur ce territoire depuis le référendum britannique.

La santé n’est plus le domaine réservé de la chimie – loin s’en faut ! Les nano, biotechnologies, les matériaux innovants, l’intelligence artificielle, la transition numérique y prendront une place croissante – et rapidement. Réhabilitation des friches industrielles, mobilisation de la jeunesse, emplois d’avenir, formation continue… ces enjeux sont pleinement ceux de l’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier. Alors ne juxtaposons pas les actions, les projets, les calendriers, mêlons-les !

La question est aujourd’hui moins de savoir si la métropole lilloise saura accueillir les 500 collaborateurs de l’Agence, ce dont personne ne doute un instant. La question est plutôt de savoir comment transformer ce projet en locomotive pour les territoires voisins en jouant pleinement des effets leviers, en créant les milliers voire les dizaines de milliers d’emplois induits.

C’est à ce prix que l’Europe y accordera l’attention qui est due à cette candidature tout comme les élus en région qui, reconnaissons-le, jusqu’à présent n’ont pas su faire front sur ce dossier comme ils ont su le faire pour le Canal Seine Nord, les dotations aux collectivités ou encore la défense des emplois aidés !

Monsieur le Président de la République, aidez la région Hauts-de-France à s’aider en exigeant de cette dernière qu’elle taise ses centralités et ses divisions !

Madame la Maire de Lille, Monsieur le Président de Région, profitez de cette opportunité pour accélérer l’intégration de la région Hauts-de-France autour d’une vision  européenne large !

Mesdames, Messieurs les élus de la CALL prenez conscience de votre pouvoir d’action. Il est bien plus large que vous ne l’imaginez. Votre place est centrale, au propre comme au figuré, au sein de cette nouvelle « euro-region » des Hauts-de-France. Les mains qui ne se tendent pas ne peuvent être saisies.

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